La réélection historique de l’opposant Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) à la tête de la commune Golfe 4 sonne le tocsin pour la désillusion de l’impossible collaboration secrète entre le parti au pouvoir et une certaine opposition radicale. Avec 22 voix pour, zéro contre et une abstention sur les 23 conseillers municipaux votants, pourtant majoritairement acquis à la cause du parti au pouvoir, Jean-Pierre Fabre a été réélu, à la surprise générale, Maire de cette commune.

Ce plébiscite révèle au grand jour du vendredi 17 octobre 2025 les tractations discrètes que pourraient mener des intermédiaires au cours des nuits durant entre des supposés adversaires que tout semble opposer au nom de l’éthique politique. Au-delà des propos tenus sur des médias, la réalité est toute autre chose.

Cette réélection rocambolesque de Fabre à la tête de Golfe 4 grâce aux voix du parti Unir et ses affidés, offre l’occasion aux intègres politiques de tirer de la politique togolaise la leçon qui s’impose désormais.

La réélection surprise de Jean-Pierre Fabre continue de susciter des questionnements sur le contenu d’un prétendu accord entre l’ANC et UNIR et ses alliés dans la commune Golfe 4. Le plus étonnant, le parti Unir, connu pour sa gourmandise et sa gloutonnerie pour les postes électifs, a renoncé à se porter candidat au poste de maire, laissant un boulevard sans obstacle à la réélection d’un opposant aussi radical que Fabre. Ce renoncement ne saurait être anodin si on sait que le parti Unir et ses alliés détiennent la majorité des sièges et a la capacité de faire élire le candidat de son choix. UNIR = 6, ANC = 5, FDR = 2, UFC = 2, TOVIA = 2, BATIR = 1, DMP = 1, EPA = 1, ACP = 1, PSR = 1, et HUMANISTES = 1, ainsi se présentait la répartition des sièges.

La réélection du président national de l’ANC n’aurait jamais été possible sans négociation avec le parti ayant obtenu la majorité des sièges. Politiquement, il est limpide que les populations ont choisi de confier leur destinée au parti au pouvoir en lui donnant la majorité des sièges. Seules des négociations sur fonds de concessions entre acteurs politiques pourront inverser la tendance.

La configuration de l’exécutif en dit long. Jean-Pierre Fabre – Maire (ANC), Isabelle Améganvi – 1ere adjointe au maire (ANC), Akouété Tsolenyanou (FDR) – 2e adjoint au maire, Laure Koutchegnon (UNIR) – 3e adjointe au maire, Akossiwa Novissi Adjallé (UNIR), 4e adjointe au maire.

L’élection s’est déroulée en présence des figures, et pas des moindres, du gouvernement: Gilbert Bawara, Pascal Bodjona, Séna Alipui, Cina Lawson sans ignorer la députée Meimounatou.

L’ANC a concédé tout de même qu’il y a eu des négociations avec des alliés et non avec le parti Unir qui pourtant mène la danse.

« Nous n’avons jamais fait de compromis avec le RPT/UNIR. Jean-Pierre Fabre a re[1]fusé toutes discussions avec ce parti. Nous nous sommes en[1]tendus avec d’autres formations politiques et des indépendants de Tovia pour reprendre la commune Golfe 4 », a déclaré Eric Dupuy, porte-parole de l’ANC sur une radio locale. Cette déclaration sème de trouble dans les esprits et se révèle une contre vérité dans la mesure où Tovia, membre du gouvernement ne peut, en aucun cas, ouvrir des négociations sans associer son allié Unir.

On sait aussi que le parti au pouvoir ne négocie pas directement avec ses adversaires. Il passe toujours par des intermédiaires. Nous préférons garder silence sur le nom de certains intermédiaires qui ont des relations avec le ministre conseiller politique Pascal Bodjona.

Il n’y a pas longtemps, l’ANC a traité de tous les noms d’oiseau le Maire Gomado, appelé au gouvernement. Il a été même chassé du parti comme un chien galeux. Le sénateur Robert Olympio avait aussi encaissé des tirs à boulets rouges de la part de ce parti dont il venait de claquer la porte. Il avait alors fait des révélations fracassantes sur les liens obscurs qu’entretiendrait le parti de Jean-Pierre Fabre.

Ceux qui ont encore la mémoire fraiche devraient se souvenir de tous les propos avilissants que les ténors de l’UFC d’hier et de l’ANC d’aujourd’hui, couvraient feu Me Yawovi  Agboyibo du CAR qui a toujours défendu le compromis comme solution aux problèmes politiques du pays. Et pourtant Agboyibo ne s’est jamais empêtré dans une quelconque compromission pour troquer ses convictions politiques contre un poste électif.

On se rappelle encore du fameux hommage du Ministre Gilbert Bawara à feu Patrick

Lawson. Il avait à l’occasion de ses obsèques, déclaré que Faure Gnassingbé, président de la République d’alors, avait dépêché son médecin personnel au chevet du vice-président de l’ANC, malade et s’était occupé de son évacuation sanitaire hors du pays pour y recevoir des soins appropriés. L’homme politique n’avait pas non plus caché les bonnes relations qui existaient entre eux.

Rappelons que l’ANC est née de la scission de l’UFC suite à son accord de partage de pouvoir avec le régime en place en 2010.

Les délices du pouvoir obligeant, notre confrère (respectivement ancien Rédacteur en Chef de la Tribune des Démocrates et DP du Temps des Démocrates) peut se foutre des patriotes qui s’accrochent aux convictions politiques, ignorant que la politique devient aujourd’hui, pour beaucoup, un business rentable au détriment des intérêts de la population. Dommage !

Néné