Depuis quelques années, le pouvoir en place s’illustre dans la création des Instituts de Formation en Alternance pour le Développement (IFAD). Si les objectifs poursuivis à travers cette initiative sont louables, le manque de débouchés au sortir des centres de formation agricoles, laisse à désirer. Depuis plus de 10 ans, les techniciens et techniciens supérieurs agricoles sortis de l’INFA de Tové, dépourvus de tout moyen financier pour initier une activité génératrice de revenus, trainent leur bosse à la recherche d’emploi. Pour ce qui est des IFAD, il est à se demander combien de Togolais arrivent à envoyer leurs enfants dans ces centres, vu les frais exorbitants de formation.
Selon le DGA, Commi Nassini de l’Agence Education-Développement (AED), « La formation dans les IFAD est une formation spécifique qui se veut professionnalisante où les jeunes doivent être sélectionnés selon des critères rigoureux. Ils doivent être notamment très motivés pour s’adapter aux conditions de formations qui sont particulières. Le jeune est formé aux IFAD actuellement au BAC Pro et durant sa formation, il suit des cours et est dans le monde professionnel aussi bien dans l’IFAD qu’en entreprise pour s’adapter à la réalité du métier. Pour y arriver, vous ne faites pas venir n’importe quel jeune. Il faut que le candidat connaisse le métier qu’il veut choisir et qu’il puisse avoir une idée des contraintes afin de pouvoir tenir durant les trois années de formation et être un professionnel pour contribuer à son propre épanouissement et à l’économie du pays. Pour s’assurer que le jeune est motivé, il faut le recrutement qui passe par une interview devant un jury. Le jeune est écouté sur son degré de motivation avant d’être retenu. C’est un critère essentiel pour nous ».
Pour la jeunesse, une variété d’IFAD a été mis en place. Il s’agit entre autres, de IFAD-Aquaculture de Elavagnon, IFAD-Élevage de Barkoissi, IFAD-Bâtiment d’Adidogomé.
IFAD-Aquaculture de Elavagnon
Dédié à la formation complète en production aquacole, à la transformation et à la commercialisation, cet IFAD est situé à Landa non loin de la ville de Elavagnon (Préfecture de l’EST-MONO). Il propose une formation pour le Baccalauréat professionnel en Aquaculture qui vise essentiellement à donner aux apprenants les compétences suivantes:
-Production, de l’alevin au poisson marchand
-Transformation et commercialisation du poisson (tilapia et clarias)
-Dimensionnement, fabrication et maintenance d’espaces de production (cages, bac hors-sol, filets, etc.)
-Gestion et animation d’équipe de travail
-Organisation et gestion financière d’une ferme
-Mise en place d’un projet d’installation jusqu’à son financement.
IFAD-Élevage de Barkoissi
Dédié aux techniques modernes d’élevage, de production et de transformation du lait et de culture du foin, cet IFAD a pour objectif de permettre aux apprenants de devenir des professionnels accomplis de la production animale et laitière.
Il est situé dans la région des savanes à Barkoissi, à 40km de Mango. Il propose une formation pour le Baccalauréat Professionnel (Bac Pro) en Conduite et Gestion d’une exploitation agricole Option Elevage. Cette formation vise essentiellement à donner aux apprenants les compétences suivantes :
-Elevage de Bovins, caprins, porcins, volailles
-Production et transformation du lait (techniques modernes et traditionnelles de production)
-Culture de foin
-Conduite de tracteurs
-Gestion et animation d’équipe de travail
-Organisation et gestion financière d’une ferme
-Mise en place d’un projet d’installation jusqu’à son financement.
IFAD-Bâtiment d’Adidogomé
Situé à Lomé dans le quartier d’Adidogomé derrière le Lycée Technique, cet institut propose 6 formations au Baccalauréat Professionnel (Bac Pro):
-Bac Pro Organisation et Réalisation du Gros-Œuvre (ORGO): Maçonnerie, ferraillage, coffrage, et gestion de chantier.
-Bac Pro Aménagement et Finition du Bâtiment (AFB): Peinture, carrelage, et staffage.
-Bac Pro Froid et Conditionnement de l’Air (FCA): Froid bâtiment et industriel, installation et maintenance des systèmes d’aération et de climatisation centralisés, et installation et maintenance de chambres frigorifiques. -Bac Pro Métiers de l’Électricité et de ses Environnements Connectés (MELEC) : Électricité bâtiment et industriel, programmation et installation de systèmes
connectés.
-Bac Pro Menuisier Fabricant Installateur (MFI): Fabrication et installation de meubles, fenêtres, portes en bois, métal, aluminium, verre, et réalisation des aménagements intérieurs.
-Bac Pro Charpentier Bois-Métal et Couvreur (CBMC): Fabrication et mise en œuvre des ouvrages de structure bois ou métal, et mise en œuvre des éléments de couverture de toutes natures.
Mais comme nous l’écrivions, dans un contexte comme le nôtre où des étudiants sortis des centre de formation agricoles, notamment, l’INFA de Tové, continuent depuis 10 ans de trainer leur bosse à la recherche d’emploi, on peut s’interroger sur le sens de la création de ces instituts. Déverser encore d’autres chômeurs sur le marché de l’emploi, vu que des opportunités de financements crédibles d’une entreprise sont presque inexistantes au Togo ?
La question mérite tout son pesant d’or quand on considère que rien n’est entrepris jusqu’ici par l’Etat pour soit absorber les diplômés de l’INFA et des autres Centre de formation agricole du pays. Les rares concours de recrutement dans la fonction publique ressemblent à s’y méprendre à une formalité destinée à recruter des candidats admis d’avance. Parfois, le nombre écrasant des candidats par rapport aux places disponibles, en dit long sur le manque d’une véritable politique de recasement des diplômés d’agriculture. Comme si cela ne suffisait, l’accès à des financements pour la création des entreprises agricoles ou la réalisation des projets agricoles, laisse à désirer contrairement aux discours politiques qui affirment le contraire.
Par ailleurs, la formation dans les IFAD, coûterait 400.000 F CFA par an, selon nos informations. Eu égard à la pauvreté qui écrase inlassablement les Togolais, il est à se demander, comment, les parents arrivent-ils à honorer les frais de formation de leurs enfants inscrits dans ces instituts sur une période de trois ans. A moins que la formation dans ces IFAD ne soit réservée aux étrangers ou à une minorité de Togolais, qui y envoient leurs enfants, on jurerait qu’il y a anguille sous roche. A eux seuls, les frais de formation, constituent un facteur limitant pour s’inscrire dans ces instituts pour la majorité des Togolais. Est-il recommandable qu’on prenne l’argent du contribuable pour créer des instituts de formation qui ne soient pas accessibles à l’ensemble des Togolais.
JNT

