L’opposition togolaise ne manque aucune occasion pour prouver à suffisance qu’elle porte en elle, les germes de la haine viscérale, de la division à outrance et de l’égoïsme sans pareil au monde. A preuve, alors que ses leaders sont déterminés à combattre jusqu’au dernier souffle la 5è République imposée par le pouvoir en place, cette opposition n’arrive toujours pas à s’entendre sur la désignation de la tête de peloton aux manifestations ou à des discussions lors des rencontres éventuelles avec le pouvoir.
Du parlement au mouvement citoyen pour organiser la contestation du texte constitutionnel promulgué par le chef de l’Etat, les leaders des partis politiques et des organisations de la société civile peinent à imprimer une dynamique unitaire à leur combat. Au regard du spectacle déshonorant que certains opposants offrent aux Togolais ces derniers temps, la réponse est, sans doute, affirmative à la question de savoir si le peuple togolais doit- il encore attendre longtemps pour voir des leaders d’opposition capables de se surpasser pour s’unir et obtenir l’alternance pacifique tant voulue au sommet de l’Etat ?
S’il est un pays où les acteurs politiques de l’opposition sont éhontés, c’est bien le Togo. Dans l’un de nos articles publiés la semaine dernière, nous avons qualifié l’opposition de ‘’monstre à plusieurs têtes’’. A notre grande surprise, les agissements de cette opposition dans la semaine en cours viennent confirmer la profonde division qui mine cette frange de la classe politique. Cette fois-ci, elle mérite le nom de créatures des Bermudes.
En effet, les 4 partis ayant seulement obtenu cinq députés n’ont pas réussi à s’entendre sur le fait de siéger ou non au parlement. Trois élus de deux partis sont confortablement installés dans leur siège de parlementaire alors que les élus des deux autres partis refusent de cautionner le parti au pouvoir en y siégeant. Malheureusement, quand il s’est agi d’élire les membres du bureau de l’Assemblée, les trois députés de l’opposition ont adopté des positions diverses. Deux ont voté contre le candidat unique de la majorité parlementaire et un s’est abstenu.
Comme si cela ne suffisait pas comme division, des initiatives cavalières se multiplient pour se tacler. En effet, des acteurs de la société civile membres de Novation Internationale annoncent un meeting d’information, de protestation et de sensibilisation le 30 juin prochain à Hanoukopé. L’organisation entend ainsi marquer son rejet du nouveau texte constitutionnel adopté par ‘’une assemblée nationale dont le mandat a expiré depuis décembre 2023’’ et promulgué le 6 mai dernier par le chef de l’Etat. Dans une note signée de Louis Rodophe Attiogbe, adressée au Ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et du développement des territoires, les organisateurs ont clarifié les mobiles de leur projet de manifestation. « Nous venons par la présente vous informer de l’organisation par Novation Internationale, une organisation légalement constituée d’un meeting d’information, de protestation et de sensibilisation le dimanche 30 juin 2024 à Akassimé (Ahanoukopé) à partir de 14 heures », précise le courrier. C’est la troisième manifestation du genre depuis l’annonce du projet de modification de la constitution. Cette dernière manifestation fait suite à la mise en place d’un cadre de réflexion composé d’universitaires, d’acteurs de la société civile et de leaders politiques.
En parallèle, le Front « Touche pas à ma constitution » qui n’a pas confirmé sa participation au meeting du 30 juin, annonce pour le 3 juillet prochain, une conférence-débat à Brother Home, à Lomé, de 14h à 17h. Cette conférence sera animée par les responsables du mouvement, qui rassemble des partis politiques d’opposition, des organisations de la société civile et des universitaires, selon nos informations. « L’objectif de la conférence est de rendre les concepts constitutionnels accessibles au grand public, afin de favoriser une meilleure compréhension des fondements de la démocratie. Cette initiative vise à démystifier les enjeux liés à la constitution et à sensibiliser la population sur son importance », apprend-on.
Si beaucoup de viande ne gâtent pas la sauce, l’abus du zèle, de l’égoïsme et la propension d’être au-dessus des autres, sont nuisibles à la lutte pour l’alternance. Il est alors temps que, pour les mêmes objectifs, les leaders de l’opposition se surpassent pour présenter une dynamique unitaire au peuple. A défaut, le peuple doit prendre ses responsabilités pour mettre au garage, ces hommes politiques qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels au détriment du bien-être des militants.
RN

