Selon des informations concordantes, l’application de l’arrêté portant réglementation de l’émission du bruit sera très prochainement effective. Un atelier tenu récemment à Kpalimé, sur les nuisances sonores en aurait jeté les bases. Au regard des urgences beaucoup plus ‘‘pressantes’’, auxquelles le pouvoir peine à satisfaire, le jeu ne semble pas en valoir la chandelle.
Dans le collimateur de cet arrêté, les bars, les buvettes, les scieries et surtout les lieux de culte qui sont présentés comme les principaux auteurs des nuisances sonores. Perturbant la libre jouissance de la tranquillité publique, ces lieux sont désormais régis par l’arrêté interministériel portant réglementation de l’émission du bruit au Togo. A Kpalimé, l’arrêté pris par le ministère de l’Administration territoriale et qui va s’appliquer aux différents lieux concernés a été donc validé. La nouvelle disposition, dit-on, va permettre aux populations surtout les personnes ayant leur lieu d’habitation à proximité de ces endroits, de vivre dans la sérénité et la quiétude.
Pour ce qui est des responsables des lieux de culte figurant parmi les principaux acteurs visés par cet arrêté, ils ont déjà été interpellés par les autorités compétentes. A travers une notre, le directeur des cultes avait, en septembre dernier, invité les présidents des fédérations religieuses, en se fondant sur les perturbations dont sont auteurs les lieux de culte, au respect des dispositions préservant la tranquillité des populations.
« Des cas graves de maladies chroniques et même des décès occasionnés par les troubles de voisinage, conséquences de célébrations de cultes tapageuses, nous sont rapportés et nous interpellent à plus d’un titre », avait écrit le directeur des cultes. Véritable problème de santé publique, les nuisances sonores requièrent une prise de responsabilité des auteurs pour un meilleur vivre ensemble.

Commentaires
S’il n’est pas mauvais pour un gouvernement de se préoccuper de la tranquillité de ses populations au point de prendre un arrêté portant réglementation des nuisances sonores, il n’est non plus mauvais pour lui de songer au bien être de ces dernières.
Dans un pays où on trouve difficilement à manger trois fois par jour, où on manque de moyens pour se faire traiter à l’hôpital quand on est malade, où le chômage devient la règle et l’emploi l’exception et où l’inflation galopante hypothèque considérablement les chances de survie des personnes les plus vulnérables, parler de réglementation de l’émission du bruit, est un luxe, si elle ne lui ressemble pas.
Depuis qu’il a échoué dans les mesures qu’il a initiées pour l’éradication ou la réduction du phénomène de la vie chère, le gouvernement ne semble plus se préoccuper de ce phénomène qui, malheureusement, se développe au point de dépasser le seuil du tolérable. Aujourd’hui, le prix du bol du maïs oscille autour de 1000 F CFA, une catastrophe quand on sait que pour une majorité de Togolais, ce céréale, constitue un aliment de base.
Au niveau de la santé, chaque jour qui passe, éloigne une grande partie de Togolais malades, tirant farouchement le diable par la queue, du chemin de l’hôpital, parce que dépourvus qu’ils sont, du minimum exigible en termes d’argent pour faire face aux frais de traitement et de produits qui généralement, coûtent les yeux de la tête.
Sur le plan de l’économie et des affaires, le désastre est monstrueux. D’abord le pouvoir d’achat des Togolais sans cesse dégradant ne leur permet pas de se poser comme des consommateurs avérés ou autres demandeurs de services susceptibles de booster le secteur. Ensuite, les compatriotes qui s’installent comme opérateurs économiques, sont acculés par des impôts et taxes en quasi disproportion avec les affaires réalisées. Ce qui les conduit à mettre la clé sous le paillasson après quelques mois d’exercice. Dans le même temps, les dirigeants se targuent d’un climat d’affaires amélioré qui favorise la création d’une pléthore d’entreprises en un temps record sans jamais s’intéresser à la statistique des entreprises qui ferment leur porte, peu avant leur création.
Si la tranquillité qui garantit l’absence de troubles, d’agitation ou de bruit, tout en préservant « le calme des citoyens », est indispensable, le bienêtre des populations au niveau de la nutrition, la santé, de l’économie et autres, s’impose comme une urgence indéniable. Les autorités doivent en tenir compte.