650 millions de F CFA seulement pour tout ce monde ?
Une injure pour les bénéficiaires
Depuis quelques jours, les candidats aux prochaines élections sont fixés sur le montant de l’aide publique aux élections devant leur être versée dans le cadre des scrutins en vue, mais non sur la date de l’encaissement. Il s’agit d’une enveloppe famélique évaluée à 650 millions de nos francs qui ne serait à l’heure actuelle qu’à l’étape d’annonce. Quand on considère que ce fonds est un droit et non un cadeau, le montant de 650 millions de nos francs, alloué, frise une injure pour les bénéficiaires.
Selon le ministre Hodabalo Awaté de l’Administration, le montant global du financement public pour les élections législatives et régionales du 29 avril 2024 a été fixé à 650 millions de FCFA par décret présidentiel. La moitié de cette somme, affirme-t-il est allouée à chaque type d’élection, soit 325 millions pour la campagne législative et autant pour la campagne régionale.
Pour ce qui est de la répartition, il est précisé que 65% de la contribution de l’État sera répartie également entre toutes les listes de candidats, tandis que les 35% restants seront distribués proportionnellement aux résultats électoraux, avec un seuil de 10% des suffrages exprimés pour être éligible.
Pour les autorités, toutes les dispositions sont prises pour que les partis politiques, regroupements de partis et candidats indépendants bénéficient des fonds correspondants dans les délais prévus.
Un montant ridicule
Affecter 650 millions à des candidats en lice pour des législatives et régionales au Togo, est pour le moins, une injure pour ces derniers quasiment relégués au rang de mendiants à qui il faut juste trouver quelque chose pour s’en finalement débarrasser. Et pour cause, non seulement, le montant alloué est ridicule mais aussi, les fonds ne sont pas immédiatement disponibles. Personne ne sait à ce jour, la date à laquelle, ils le seront, vu que l’annonce du ministre qui n’a précisé aucune date pour ce faire, a vaguement fait cas de ‘’délais prévus’’. Pour les seules législatives, 2.348 candidatures ont été validées pour 113 sièges par la Cour Constitutionnelle. Le nombre de listes pour l’ensemble des circonscriptions est de 353, dont 285 émanant de partis politiques et 72 pour les indépendants. Les Togolais vont élire simultanément le 20 avril 2024 et pour la première
fois, les conseillers régionaux. Tout se passe comme si cette aide de l’Etat est un cadeau que fait le pouvoir en place aux candidats, dont ce dernier doit être seul à fixer le montant et la date de son décaissement par les bénéficiaires. La loi qui en a ainsi disposé, doit être revue. Trop c’est trop. Lors d’un récent scrutin, pour accéder à ce fonds, les ayant droits avaient attendu la fin de la campagne, voire au-delà. Cette manière de manipuler ce fonds dans le sens des humeurs, n’est pas sans causer de préju- dices sérieux aux bénéficiaires.
Un droit et non un cadeau
Ce fonds n’est pas un cadeau et en aucun cas, ne saurait l’être. Il est institué par la loi sur le financement public des partis politiques et des campagnes électorales, promulguée en 2013. C’est donc un droit pour les candidats. Ceci étant, aucune explication ne saurait justifier les fantaisies de mauvais goût dont la fixation du montant et le décaissement font l’objet ces derniers temps. Une fois que le Togo annonce une élection, ce fonds doit être disponible pour accompagner les candidats.
Pour mettre fin à cette situation, des mécanismes doivent être mis en place dans le sens de fixer un montant acceptable à verser aux candidats et une date au-delà de laquelle, il ne doit pas être détenu par l’Etat. Les candidats aux élections sont des responsables qui ont besoin d’entrer dans ce fonds pour mieux projeter les activités dans le cadre de la campagne électorale. Cette façon de tenir la dragée haute aux candidats doit cesser. Le financement public des partis politiques et des campagnes électorales constitue pour les partis et les candidats, un droit et non un cadeau.

